Comme évoqué dans l’article « Art tribal africain : entre mythe et réalité », l’art tribal africain prend son caractère esthétique lors de sa rencontre avec l’Occident. En effet, lors des périodes coloniales de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, l’Europe commence à s’intéresser aux arts locaux des pays qu’elle colonise. C’est ensuite que les artistes, majoritairement français et allemands, se penchent sur cet art dont les canons esthétiques diffèrent grandement de ceux propres à l’Europe. Parmi ces avant-gardistes, Picasso, Apollinaire, Gauguin mais également certains expressionnistes allemands tels que Karl Schmidt-Rottluff, Heckel ou encore Nolde.
Les grands artistes du XXème siècle face à l’art tribal africain
L’art tribal africain était, aux yeux des européens, empreint d’une magie et d’une spiritualité dont ils n’avaient jamais eu connaissance auparavant. Un côté mystique, en effet, très présent dans les formes et l’esthétique des œuvres d’art tribal africain. Les artistes du début du XXème siècle se sont ainsi inspirés de la liberté de produire des populations africaines. Ils appelèrent cet art « primitif » ou « tribal ». L’exposition du Museum of Modern Art de New-York, organisée en 1984 et intitulée « Primitivism » revient d’ailleurs sur ce courant artistique, désigné comme tel par les occidentaux eux-mêmes.
« Les masques, ils n’étaient pas des sculptures comme les autres. Pas du tout. Ils étaient des choses magiques (…). » Pablo Picasso à Malraux
La légende raconte que Picasso et Braque ont découvert l’art tribal africain lors d’une visite chez le peintre André Derain, qui possédait un masque Fang, du Gabon. Ces artistes ont alors été épris d’une créativité soudaine, signifiant des prémisses du cubisme, ainsi largement inspiré par l’art tribal africain.
Les toiles inspirées de l’art tribal
« Manao Tupapau (L’esprit des morts veille) » Paul Gauguin, 1892
Une des premières œuvres à s’inspirer de l’art tribal est cette toile du peintre Paul Gauguin. Il ne s’agit pas d’art tribal africain. Elle marque toutefois les débuts d’un intérêt européen grandissant pour le primitivisme.
« Les demoiselles d’Avignon » Pablo Picasso, 1907
Cette célèbre peinture représente l’intérieur d’une maison close de Barcelone. Pour l’époque, cette toile était une véritable provocation, très loin des codes moraux et esthétiques européens. Les corps sont déformés, issus de l’imagination du peintre mais surtout de la statuaire africaine.
« Head of a woman with a mask » Karl Schmidt-Rottluff, 1912
Le peintre allemand Karl Schmidt-Rottluff appartenait à un réseau d’artistes s’inspirant de l’art tribal africain. Ce groupe s’appelait « Die Brücke » (le pont) et s’évadait dans ce que ses artistes appelaient « le paradis primitif ». La toile « Head of a woman with a mask » représente le masque d’art tribal africain par excellence : orné des formes géométriques et sublimé de vives couleurs.
Bibliographie :
« De Gauguin à Basquiat, le primitivisme en cinq œuvres », France Culture, site officiel de France Culture, URL : https://www.franceculture.fr/peinture/de-gauguin-a-basquiat-le-primitivisme-en-cinq-oeuvres?fbclid=IwAR0gvmiRiLoT6ScWNLDgcmh__h70MF497mi6SceV5YfQanBzuVRxNVGG-VI , consulté le 10/02/2021
Mark, Peter, « Est-ce que l’art africain existe ? », Outre-Mers, Revue d’histoire, 1998, 318, pp 1-20