Art Tribal Africain


Entre mythe et réalité


 

L’art tribal africain connaît un essor considérable. Que ce soit dans les salles de ventes ou lors d’évènement annuels, les ventes explosent et le nombre de collectionneurs ne cesse de croitre. Il s’agit, en effet, d’un marché extrêmement porteur en Occident.

 

Qu’est-ce que l’art tribal africain ?

 

L’art tribal est l’art non-occidental, désignant les productions artistiques de peuples dont les pratiques diffèrent. Initialement appelé « art premier » par les occidentaux qui en ont pris connaissance, les dénominations ont évolué au grès du temps et des études sociologiques.

L’art tribal englobe l’art océanien, précolombien, aborigène et africain. Nous porterons une attention particulière à l’art tribal africain. Les premiers curieux, devenus pour la plupart d’importants collectionneurs, ont participé à l’essor de l’art tribal africain en Occident et à sa valorisation marchande. Il convient de noter que ce que l’on appelle l’art tribal africain est essentiellement un objet de culte ; un masque ayant dansé, par exemple, fait partie de l’art tribal africain. Ces objets ont été produits par un africain, pour un africain, dans le cadre d’un usage en Afrique et dans un contexte ante-colonial. La charge historique et la dimension sacrée de l’objet, transformé en œuvre d’art par les occidentaux, sont évidemment deux choses primordiales. L’art tribal africain est donc la forme d’expression ultime d’une tribu ou d’un peuple « non-occidental ». Les objets d’art tribal africain acquirent, à travers les échanges occidentaux, une dimension davantage esthétique qu’usuelle.

L’art tribal africain est l’un des derniers arts découverts par les occidentaux. Différents termes ont été associés à cet art « exotique » : l’art nègre, l’art primitif, l’art lointain, sauvage, premier… Le terme « art tribal » a été proposé en 1950 par William Fagg, un anthropologue. Cette expression est toujours utilisée pour désigner l’art produit par des tribus, des ethnies. Ce terme demeure le moins réducteur de tous.

 

L’art tribal africain a vivement inspiré de nombreux artistes occidentaux du siècle dernier. A cet égard, nous retiendrons Matisse, Picasso, Derain ou encore Vlaminck.

 

Quelle différence entre art africain et art tribal africain ?

 

L’art africain désigne toute forme artistique produite par un artiste africain ou de la diaspora. Ceci inclut la peinture, la sculpture, la danse, la musique ou encore le tissage. L’art africain se divise en deux sous-catégories, l’art africain traditionnel et l’art africain contemporain, qui se distinguent principalement par la datation des œuvres. L’art tribal africain est tout à fait à part en ce sens qu’il ne concerne que les objets produits dans le cadre d’une tribu, d’une ethnie, à un usage cérémoniel ou sacré. Notons que l’art tribal africain est tristement associé aux pillages résultant de l’ère de la colonisation. C’est pourquoi de nombreuses institutions enquêtent aujourd’hui sur les conditions d’acquisition de leurs collections.

 

En Occident, la popularité de l’art tribal africain est due aux grands explorateurs l’ayant découvert. Revenons brièvement sur William Fagg. Anthropologue, écrivain et homme de terrain, il est particulièrement connu pour avoir étudié le peuple Yoruba. Né en 1914, dans un quartier de Londres, au Royaume-Unis, William Fagg suivit des études à l’Université de Cambridge. En 1939, il obtint son diplôme de Master en Arts. En 1949 et 1950, William Fagg part pour la première fois au Nigéria. En 1954, il participe aux fouilles à Ifé. A son retour à Londres, il devient conservateur et intègre le département d’ethnographie du British Museum.

 

 

 

 

 

Quel marché pour l’art tribal africain en Occident ?

 

Les objets d’art tribal africain acquièrent de la valeur marchande à leur arrivée en Occident. En effet, pour les tribus africaines, ces « œuvres » sont, avant tout, des objets destinés à un usage spécifique, hors de la sphère artistique. L’art tribal africain devient, à son arrivée en Europe, classé. Il est aisé de voir le prix de ces objets grimper, lors des ventes aux enchères ou des foires annuelles liées au monde de l’art. Qu’est-ce qui détermine la valeur d’une pièce ? Les galeristes parleront de l’authenticité de l’objet, de l’analyse stylistique, de la patine, des traces d’usage… Ainsi, on pourrait croire qu’une pièce d’art tribal africain acquiert de la valeur si elle est ancienne. Pourtant, la fiabilité de la datation demeure très ambigüe. En effet, on attribue tel objet à telle ethnie sans réellement connaître la date de sa création ni celle de son arrivée en Europe. Toutefois, la traçabilité de l’œuvre est un critère d’une importance primordiale sur le marché occidental. Outre son authenticité, une pièce acquiert de la valeur si elle a appartenu à une personnalité célèbre dans le monde de l’art tribal africain. Ainsi, la position sociale, la personnalité et la réputation déterminent ce que l’on appelle couramment le pedigree. Le prix d’une pièce grimpe en fonction de la qualité des acteurs qui l’ont possédée et des lieux qui l’ont abritée. Selon de nombreux auteurs, il s’agit là d’une manière quelque peu réductrice de voir l’art tribal africain, pourtant riche en histoire et en symboles.

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie :

« Fagg William Buller (1914, 1992) », Universalis, encyclopédie Universalis, URL : https://www.universalis.fr/ , consulté le 03/02/2021

Bonnain-Dulon, Rolande. « Art primitif : prix du désir, prix de l'objet », Ethnologie française, vol. vol. 35, no. 3, 2005, pp. 401-409.

Touré, Diala. « Art africain et marché de l’art : provenance et pedigree des œuvres sans visa », Présence Africaine, vol. 191, no. 1, 2015, pp. 53-62.

 





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